lundi 10 février 2014

Le sentier balcon de Yenne

Département : Savoie

Territoire : Avant pays savoyard

Commune : Yenne

Distance 8,5 km

Temps : 3 h

Dénivelé : 220 m

Balisage :

     - Blanc et rouge et "Chemin de Compostelle" jusqu'à Pré Cevin.



     - Jaune et vert après Pré Cevin


Le départ peut se faire de l'église de Yenne mais à l'entrée du village nous préférons prendre la route à droite qui mène au hameau de Chevru et nous garer sur le parking de la Chapelle Notre-Dame de la Montagne.
Durant notre préparation, nous pouvons admirer la Dent du Chat enneigée, les monts du même nom et le village de Yenne.




Au-dessus de nos têtes se dresse la statue de Notre-Dame des Montagnes et nous empruntons le chemin qui monte jusqu'à elle.


Suite au rattachement de la Savoie à la France en 1860, une fièvre de reconstruction et d'agrandissement des églises s'empare des paroissiens du canton. C'est dans ce climat qu'est édifiée cette statue de la Vierge.


La chapelle est à demi encastrée dans les assises d'une tour conique composée d'énormes blocs de pierres brutes. Ce massif sert de piédestal à la statue sculptée par Joseph Fabisch qui avait déjà réalisé la statue de la Vierge de Fourvière à Lyon.


Elle a été inaugurée le 16 juillet 1866. L'assistance a alors été évaluée à 6000 personnes. Toute la ville de Yenne était décorée de guirlandes, de banderoles et de couronnes de fleurs.




Du haut de son dôme, la Vierge semble prendre le Rhône sous sa protection avec tous ceux qui naviguaient sur le fleuve.


On peut aussi penser qu'elle  veille sur les monts du Chat et sur ceux qui y circulent.


A moins que, dès son érection, elle n'ait protégé la ville d'Yenne qui venait d'être décimée par un incendie en 1840 puis un autre en 1860.


Nous poursuivons notre montée sur un chemin bordé par les buis.


Quelques centaines de mètres plus loin, nous parvenons au belvédère du tombeau de Pierre Boisson qui se situe sur la montagne de Chemillieu qui nous fait face sur l'autre rive du Rhône.


Pierre Boisson est né en 1819 à Loisieux, près de Yenne et, dès son enfance rêve d'Amérique. Adolescent, il s'embarque sur une péniche à Lyon et parvient à Marseille où il s'engage comme mousse sur un voilier qui l'emmène au Mexique. Là-bas, il fait fortune comme dentiste.


Il revient au pays natal à l'âge de 56 ans afin de passer une vieillesse paisible et d'être enterré au cimetière de Yenne. Mais en raison de ses idées franc-maçonnes, il se voit refuser le droit de reposer sur le territoire de la commune.


Il se fait alors construire un tombeau monumental sur l'autre rive du Rhône, dans le département de l'Ain d'où il peut encore voir la Vierge de la Montagne.


La réalisation de sa sépulture dura cinq ans au prix d'une traversée quotidienne du fleuve en barque à fond plat pour le transport des matériaux car il n'y avait pas de pont.


Nous reprenons le chemin dont la pente disparaît peu à peu.


De temps à autres, nous doublons quelques blocs erratiques oubliés là...


Nous continuons durant une vingtaine de minutes entre les buis.


Nous rejoignons ainsi "La Prison" d'où nous pourrions revenir à notre point de départ par une boucle plus courte de 4 km.


Nous poursuivons en direction de Saint Jacques de Compostelle que nous ne verrons vraisemblablement pas ce soir en admirant le ciel bleu au-dessus des monts du Chat.


Puis la pente se fait plus rude pendant un bon quart d'heure.


Parfois, nous apercevons la citadelle de Pierre-Châtel entre les branchages.


Nous redescendons légèrement...


... et nous arrivons au Belvédère de Pierre-Châtel.


En face de nous, se dresse la forteresse qui surplombe l'étroit défilé de Pierre-Châtel.


D'abord maison forte, Pierre-Châtel, transformé en château devint la résidence secondaire préférée des princes de Savoie.


En 1383, le comte Vert Amédée VI y fonda un monastère chartreux. Paradoxalement, les moines d'un ordre contemplatif devinrent les gardiens d'une des portes de la Savoie.


La Chartreuse connut son heure de gloire en 1814 quand elle fut assiégée par les autrichiens. Avec moins de 200 hommes, le capitaine Garbé qui commande la place forte résista au siège de 1200 autrichiens et, Napoléon ayant abdiqué, peut quitter la place sans rendre les armes.


Au pied de la falaise, nous découvrons le village de Virignin et, au loin, le Rhône canalisé et les monts du Bugey.


Nous pouvons zoomer sur la nouvelle écluse de Virignin qui a fortement modifié le paysage.


Plus loin, nous apercevons aussi la ville de Belley.


Nous repartons en direction de la Croix de Chevru et, au-delà, de Compostelle!


Le chemin alterne entre pentes raides et légères descentes qui nous permettent de nous retrouver rapidement au troisième belvédère de la journée, celui du Rhône.


Les aménagement hydroélectriques sur le haut Rhône ont transformé la plaine et nous nous trouvons au-dessus du confluent entre le fleuve aménagé et le fleuve sauvage qui longe le village de La Balme.


A main gauche, le fleuve poursuit son cours en direction du mont de Cordon.


Après une dernière montée sévère, nous atteignons la Croix de Chevru.


Nous la découvrons, bien à l'abri dans le feuillage.



En contournant la croix, nous pouvons trouver la date de son installation à la base du fût.


Deux cents mètres plus loin, nous atteignons Pré Cevin, en pleine forêt, où nous laissons le GR et, par conséquent nos rêves de Compostelle et d'ampoules espagnoles...


Nous suivons désormais le balisage jaune et vert et nous entamons une descente un peu boueuse.


Quelques dizaines de minutes plus tard, nous arrivons au hameau de Chevru.


Nous traversons un village désert mais très agréable.




Nous descendons sur la route goudronnée jusqu'à "Le Curtelod" où nous retrouvons la Dent du Chat.



Au panneau "Le Curtelod", nous retrouvons le chemin que nous aurions pu prendre à "La Prison" pour raccourcir la sortie.


En face, une nouvelle croix marque le centre du village.



A la sortie du hameau, nous choisissons de regagner directement le parking de Notre-Dame de la Montagne en restant sur la route plutôt que de prendre le sentier qui conduit à Yenne.


Très satisfaits de notre après-midi et des superbes points de vue qu'elle nous a réservés, nous pouvons mettre nos bâtons en éventail à défaut d'y mettre les orteils qui pourraient s'enrhumer en cette saison.